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Rencontre avec Émilie Lapeyre, illustratrice jeunesse pour Touk Touk

Émilie Lapeyre est illustratrice jeunesse. Elle créé les dessins des histoires de Pépino et Pomme de Pin, héros du magazine Touk Touk. Elle nous parle de son métier et de son parcours avec passion. Rencontre avec une illustratrice inspirée !

Emilie Lapeyre

Comment êtes-vous devenue illustratrice jeunesse ? Parlez-nous de votre parcours.

Ça ne va pas être très original, mais j’ai toujours dessiné. Petite, je payais mon frère avec mon argent de poche pour qu’il pose pour moi. Je lui faisais signer des contrats avec un temps de pose obligatoire !

J’ai fait des études de graphisme à l’Ecole Estienne à Paris. La dernière année de mes études, j’ai monté en parallèle une association avec deux amies : nous avons mis en place un projet d’échange culturel entre des écoles publiques françaises et des écoles de six pays du monde. Nous intervenions dans les écoles en proposant des ateliers d’arts plastiques à base de matériaux de récupération locaux. Nous avons ensuite travaillé à la création d’expositions en relation avec notre projet, dans des écoles, des médiathèques.

Je suis ensuite partie vivre au Maroc. J’ai alors commencé à travailler en tant qu’illustratrice pour un journal pour enfants. J’ai travaillé aussi dans le domaine de la décoration intérieure. J’ai réalisé depuis le Maroc mon premier ouvrage jeunesse, un livre parascolaire pour les Éditions Playbac.

De retour en France, mon activité d’illustratrice jeunesse a commencé à se développer peu à peu. Aujourd’hui, j’ai la chance de beaucoup travailler et d’avoir des maisons d’édition fidèles.

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Vos parents vous ont-ils poussée, encouragée à dessiner, ou au contraire étaient-ils réticents ?

Mes parents m’ont toujours encouragée. J’ai eu la chance de rentrer à l’École Estienne et je pense que pour mes parents, c’était un cadre plus rassurant que les Beaux-Arts, par exemple. Disons que je ne voulais pas être « artiste »  et que mon attrait pour les arts plastiques allait se matérialiser dans un métier plus stable, celui de graphiste. Bon, les choses ont vite évolué autrement, mais ils ont continué à me faire confiance !

Comment définiriez-vous, en quelques mots, le métier d’illustratrice ?

La créativité ne suffit pas. Il faut savoir mener son métier comme une petite entreprise. Si on veut survivre et faire valoir ses droits, il faut savoir négocier les contrats (et le métier est de plus en plus dur !) et ne pas être allergique à la paperasse et aux épreuves administratives.

Qu’est-ce qui vous intéresse et vous passionne dans le dessin ? Qu’est-ce qui vous inspire pour dessiner ?

Pour moi, c’est une forme de méditation. J’ai fait beaucoup de yoga et j’y vois la même énergie, la même concentration, la même sensation d’être dans un temps suspendu, entre soi et un support. Tout peut inspirer. On n’est jamais « vierge ». J’aime particulièrement dessiner des animaux et des végétaux.

Est-ce que les personnages de Pépino et Pomme de Pin ont été faciles à créer ? Qu’est-ce qui vous a inspirée ?

J’ai créé Pépino assez rapidement. Le chat Pomme de Pin est arrivé dans un second temps. J’aimais bien l’idée que Pépino ait un copain animal. Le thème étant la consommation “raisonnée” de l’eau, le chat est venu comme une évidence. Cela m’a permis de faire intervenir le chat dans les scénettes, à des niveaux différents à chaque fois, et de rendre le tout plus amusant et vivant.

Pourquoi avoir choisi de vous spécialiser dans l’illustration pour la jeunesse ?

Ce n’est pas vraiment un choix. On ne choisit pas sa cible ou son style d’illustration je pense, ça s’impose naturellement. Pour les enfants au-dessus de 6 ans, je ne sais pas faire ! Par contre, je fais aussi des illustrations plus « adultes » et réalistes, à la gouache. Disons que j’ai un « trou d’inspiration » pour les publics entre 6 ans et 18 ans.

Pour quels supports dessinez-vous ? Livres, magazines, supports numériques, goodies ?

Je travaille pour le livre essentiellement, petite enfance entre 0 et 6 ans. Je réalise essentiellement des livres de loisirs créatifs ou avec une ingénierie papier particulière. Ça me permet de travailler sur des projets très variés (livres de paper toys, livres à pop-up, livres puzzles, etc.). Je travaille assez peu pour la presse.

Je travaille aussi sur des coffrets et pochettes créatives pour plusieurs marques.

Et en parallèle, un agent vend sur des salons en Chine des maquettes de dessins textiles que j’ai illustrées.

Exercez-vous un autre métier en parallèle ?

Depuis deux ans, je fais de la céramique et c’est une vraie bouffée d’air ! Je prends des cours deux fois par semaine chez un céramiste très talentueux qui travaille uniquement à la main (c’est à dire sans tour), avec la technique du pincé et du colombin essentiellement et c’est totalement jouissif ! Travailler la matière me change de mes journées passées devant mon écran. Je viens de prendre une place dans un atelier de céramique et je vais essayer d’y travailler 3 heures par jour. Je décore ensuite les pièces aux engobes. J’aimerais d’ici septembre avoir assez de créations pour lancer mon site et commencer à vendre quelques pièces.

Comment organisez-vous votre travail ? Décrivez-nous une journée type. Quels sont les outils que vous utilisez ?

Je travaille entre 10h et 19h environ. Même si ça déborde régulièrement… Avant 10h, je fais du sport ! En fait, ayant deux enfants, je me base sur leur temps d’absence pour travailler. Je travaille essentiellement sur mon ordinateur, à la tablette graphique et j’utilise les logiciels de dessin classiques : Illustrator et Photoshop. Il m’arrive de faire des esquisses au préalable au crayon sur un papier, mais maintenant, je fais presque toujours les esquisses sur Illustrator, avec l’outil « crayon ».

Vous est-il arrivé d’illustrer des textes ou sujets que vous n’aimiez pas ?

Oui. Et c’est toujours assez laborieux… Au final, on perd un temps fou car l’inspiration n’est pas là. Si l’opportunité se représente, je n’accepterai pas.

Quels sont les avantages et les inconvénients du métier d’illustratrice ?

En ce qui me concerne, le grand avantage, (en dehors bien sûr d’avoir la chance énorme de faire un métier qu’on aime) c’est la liberté. Elle se situe à plusieurs niveaux. Le fait de pouvoir travailler aux horaires qui me conviennent, tant que le boulot est fait. La possibilité de travailler de partout, d’absolument partout, tant qu’une connexion internet est présente. En ce moment, je vis en Espagne, à Valencia et je garde les mêmes clients que quand je vivais à Paris.

Les inconvénients… C’est le temps passé devant l’écran, que j’essaie donc de compenser actuellement par mon activité de céramiste. C’est aussi le fait de devoir se battre pour ses contrats et ses droits. Le problème est que dans notre métier, travaillant chacun de notre côté, sans syndicat, nous n’avons pas de réel poids auprès des maisons d’édition pour exiger un pourcentage de droits d’auteur correct. Depuis plusieurs années, les conditions se durcissent et il faut négocier sans cesse pour continuer à vivre de notre métier.

Un autre aspect qui me fait beaucoup réfléchir en ce moment, ce sont les livres invendus ou un peu abîmés qui sont détruits et les conditions de fabrication. Savoir que je participe à un marché qui détruit les livres, plutôt que de les donner (à une association par exemple) et qui pour l’essentiel produit en Chine, me pose problème. J’ai des convictions écologiques et cela va totalement à l’encontre de ce en quoi je crois et des efforts que par ailleurs je fais au quotidien. Mais j’essaie de me rassurer en me disant que les livres ont tout de même une belle fonction…

Touk Touk Magazine est éco-conçu et imprimé en France. Est-ce que cela vous a motivée pour accepter d’illustrer le magazine ?

Oui, c’est évident. C’est important qu’un magazine évoquant des préoccupations liées à l’environnement, la préservation des ressources, etc. comme c’est le cas de Touk Touk, aille jusqu’au bout de la démarche en faisant attention à son processus de fabrication. C’est nécessaire d’essayer d’être le plus cohérent possible ! C’est mon fil depuis quelques temps : essayer de faire en sorte que mes actions au quotidien soient le plus en adéquation possible avec mes convictions en matière de préservation de notre environnement. Ce n’est pas toujours facile, ça demande de mettre de côté certaines habitudes bien ancrées, d’en créer de nouvelles. Mais c’est passionnant et indispensable !

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